Louis Duc et Halvard Mabire ont été contraints à l’abandon hier sur la Guyader Bermudes 1000 Race, suite à une avarie survenue à bord de leur Imoca Fives Group – Lantana Environnement, mais cette première course de la saison, même écourtée, a rempli tous ses objectifs – techniques et humains – et les deux Normands arboraient de larges sourires à leur retour à terre hier soir à Brest. L’Imoca Fives Group – Lantana Environnement a montré son nouveau potentiel de vitesse et les deux Normands sont heureux de cette première course ensemble, même si Halvard rapporte une longue job-list de finitions en vue du Vendée Globe.
Hier matin, alors qu’ils effectuaient une très belle remontée sur leurs concurrents à dérives de la Guyader Bermudes 1000 Race, Louis Duc et Halvard Mabire ont dû se résoudre à laisser la course dans leur sillage et faire route vers Brest. Le support de l’un de leurs hydrogénérateurs avait lâché rendant la charge des batteries très compliquée. Or, comme le précisait le skipper Normand : « sans énergie, à bord de ces bateaux-là, on est vite bloqué (plus d’instruments de navigation, de vérins de quille, d’électronique, d’informatique…) et on risque un enchainement de gros problèmes. »
Le bateau a franchement gagné en performance
L’enjeu sportif de cette première course de la saison, n’était pas suffisant pour se mettre dans une telle situation. D’autant qu’après ces 3 premiers jours de course, le duo Fives Group – Lantana Environnement avait déjà eu le temps de découvrir le nouveau potentiel de son bateau.
Louis Duc, skipper Fives Group – Lantana Environnement : « Le bateau a franchement gagné en performance. Le parcours, très varié, nous a permis d’essayer beaucoup de configurations de voiles différentes. Avec le mât basculé sur l’arrière et les points d’ancrages des voiles d’avant avancés, nous n’avons plus du tout les mêmes surfaces de voiles qu’avant : ça change tout et ça nous ouvre beaucoup de nouvelles possibilités !
Et comme le bateau est globalement plus équilibré (ballasts arrière, bulbe de quille allégé et mât raccourci depuis l’an dernier), au portant, il accélère toujours autant, mais en restant rapide longtemps, équilibré et facile à barrer.
C’est une excellente nouvelle ! C’était l’objectif de ce chantier et c’est réussi ! »
Dans les clous
Au contact avec les autres concurrents non-foilers de cette Guyader Bermudes 1000 Race, Louis et Halvard ont pu conforter leurs bonnes sensations.
Louis Duc : « Par rapport aux bateaux anciens comme Freelance.com, resté dans sa configuration initiale (bateau pas allégé, angle de quille important) : il reste plus rapide au près par moment car plus raide à la toile, mais, au portant, nous irons plus vite.
Monneyeur, l’ancien Macif de François Gabart a toujours été un cran au-dessus des bateaux de sa génération. L’an dernier, au reaching nous étions systématiquement moins rapides. Ce n’est plus le cas : nos vitesses sont proches des siennes.
Le bateau canadien nous a bien surpris. Il est plus récent. Il a d’ailleurs gagné une course l’an dernier devant des foilers, en Méditerranée. Il est rapide et plus puissant que le nôtre. Au près, il sera plus à l’aise, mais sur le bord retour on allait un peu mieux qu’eux.
On est plutôt dans les clous. »
La longue job-list d’Halvard…
Le gros œuvre réalisé par Louis et son équipe depuis 3 ans est donc bel et bien validé. C’est une énorme satisfaction. Mais… l’œil expérimenté d’Halvard Mabire a scanné l’Imoca Fives Group – Lantana Environnement pendant ces milles négociés entre la pointe Bretagne et le Fastnet.
Halvard Mabire : « Le bateau a du potentiel. Il va maintenant falloir trouver le temps et les moyens de finaliser tout cela. Ce sera un travail très chronophage, il va falloir de la ressource.
Chaque détail prend beaucoup de temps et il y a un nombre assez conséquent de choses à revoir pour que tout soit fluide à bord et que Louis puisse utiliser pleinement et sereinement le potentiel de son bateau. L’ergonomie du bateau sera aussi à optimiser en vue du Vendée Globe. »
Louis Duc : « La grande expérience d’Halvard fait qu’il analyse tout et qu’il a toutes les solutions en tête. Nous avons besoin de ça. Il a fait une longue job-list : nous ne ferons peut-être pas tout, mais c’est hyper précieux : Il y a prendre et à apprendre ! »
C’est la plus belle EPHAD dont je pouvais rêver !
Ils se connaissent depuis toujours, Halvard a guidé Louis vers le chemin de la course au large, mais cette Guyader Bermudes 1000 Race était pourtant leur première occasion de naviguer ensemble. Une expérience riche et positive, pour tous les deux.
Halvard Mabire : « C’est la plus belle EPHAD dont je pouvais rêver ! J’étais vraiment très content de naviguer avec Louis. On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre, mais je crois que le but est atteint.
Même si c’est, bien sûr, décevant d’abandonner, mais il y a un mois Louis n’était pas sûr de pouvoir prendre le départ…
Il a été plus que sage à bord. Il a bien travaillé. Il est beaucoup plus ordonné qu’il n’y parait, même s’il faut s’y retrouver dans son ordre ! …C’était bien ! »
Louis Duc : « J’ai pris beaucoup de plaisir à naviguer avec Halvard. Je pensais que j’allais me faire gronder tout le temps et pas du tout ! Il était heureux d’être en mer, et moi aussi.
Il a de la bouteille, rien ne l’affole, ça tombe bien, moi non plus d’ailleurs ! C’est agréable ! Il est à l’écoute, c’était riche d’échanger avec lui.
Et quand il fait une petite grimace en regardant quelque chose, tu sais qu’il va falloir la retravailler.
C’était vraiment un bon moment de bateau. »