Un océan et demi dans le sillage

Un mois déjà, 31 jours et 31 nuits précisément, que le skipper Fives Group – Lantana Environnement bataille H24 avec ses camarades de course du Vendée Globe. Il a traversé l’Atlantique dans sa longueur, du nord au sud, et compose depuis une semaine avec les dépressions Australes de l’Océan Indien. Avec un bonheur non dissimulé.

Louis et ses camarades de tête de flotte des Imoca à dérives sont à peu près au tiers de leur circumnavigation : un océan et demi dans leur sillage, soit 8 200 milles (15 200 km) parcourus. Il lui en reste 15 700 (29 000 km) à négocier seul, non-stop, dans les contrées parmi les plus hostiles du monde. Le Vendée Globe est vraiment un défi hors norme.

Le skipper Normand découvre et apprend, avec sa sérénité habituelle, à composer avec la puissance des phénomènes météo qui font son quotidien depuis une semaine.

Hier, entre 2 fronts, il a dû arrêter son bateau pendant 2h30, le temps de réparer le « hook » de sa grand-voile (coinceur qui permet de bloquer la voile). Une opération longue et complexe (cf. ci-dessous) qu’il a réussi à mener à bien.


Toujours plus Sud ?
A 7h ce matin, Louis n’est plus qu’à 300 milles de la latitude des îles Kerguelen : « Après Crozet avant-hier, demain, je serai au large des Kerguelen ! Des noms qui me font fait rêver depuis longtemps. Ça donne bien envie d’aller jeter un œil maintenant qu’on est arrivé là ! »

Bien sûr, le skipper Fives Group – Lantana Environnement va filer droit, il pourrait même plonger encore un peu plus sud qu’actuellement pour glisser en dessous de la prochaine grosse, très grosse, dépression qui roule ses isobares dans l’Indien.

Dans une semaine, il devrait doubler le cap Leeuwin, 2e marque de parcours de ce tour du monde. Et, normalement, recroiser d’ici là les routes de ses concurrents les plus proches…

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Atelier réparation en plein 40e !
Depuis 2 jours, Louis ne pouvait plus bloquer (« hooker ») les ris de sa grand-voile. Il devait les laisser au winch. Pas pratique. Le coinceur situé en tête de grand-voile était encrassé, de sel notamment, et ne fonctionnait plus.
Pour y accéder, Louis a dû affaler complètement sa grand-voile, démonter les chariots de grand-voile (pièces qui permettent à la grand-voile de glisser dans le mât). Ces chariots sont bloqués par une « porte » (trappe dans le mât), qu’il a fallu « ouvrir » (donc dévisser) pour faire sortir les chariots jusqu’à accéder au hook.
Louis a ensuite nettoyé le fameux coinceur et tout remonté : hook, chariots, porte… Et, surtout, hisser la grand-voile, seul, en pleine mer…
La manœuvre a duré 2h30 au total : une bonne chose de faite en plein 40e, entre deux fronts !

Prise de ris et lazy-jack : la prise de ris permet de réduire la surface de la grand-voile lorsque le vent forcit. Il s’agit d’affaler environ 2 m de voile par prise de ris. La partie basse de la voile reste pliée sur la bôme, calée dans ce que l’on appelle les « lazy-jacks », réseau de bouts de part et d’autre de la bôme qui part vers le mât et permet d’aider à maintenir la grand-voile dans l’axe du bateau lors de l’affalage. Ce système est complété de lazy-bags : bandes de tissu à voile de part et d’autre de la bôme, qui font comme un « hamac » de rangement pour les ris et la voile lorsqu’elle est affalée.